René Chaussat

Ancien diplômé de Grignon et professeur de physiologie végétale à l’Ina P-G, René CHAUSSAT a soutenu l’association de l’Arbre de fer. Très attaché au site de Grignon, il a lui-même planté en 2012 malgré son grand âge un arbre dans l’ex jardin botanique, un baguenaudier (Colutea arborescens).

(Baguenaudier planté par René Chaussat en 2012)

Baguenaudier planté par René Chaussat en 2012

Voilà ce qu’écrivait de lui à sa mort en 2013 ses collègues et ses élèves de physiologie végétale :

Parler de René CHAUSSAT, c’est bien entendu parler de VILLEVIALE, où tout a commencé et où il est né, le 7 février 1929, dans une petite ferme. A 6 ans, il entre à l’école primaire de Saint-Hilaire le Château, c’était en 1935. Muni de son certificat d’étude, il entre en 1941, en tant qu’interne au Collège Moderne de Bourganeuf. Sérieux, travailleur et faisant partie des très bons élèves, René va ensuite intégrer à Paris le lycée Saint-Louis, en classe préparatoire Agro. Il disait « passer de Villeviale au centre de la capitale, d’un lycée de province à l’un des plus réputés du pays, c’est pour le moins une immense transition ». Il en était fier. A sa sortie de prépa, René intègre l’Ecole Supérieure Agronomique de Grignon ; il en sort en 1954 avec le titre d’ingénieur agronome.

Après un stage, première paie, il entre en tant que technicien dans une coopérative d’éleveurs. Cette expérience, même si elle fut de courte durée, lui aura permis de rencontrer la femme de sa vie, Gisèle. C’est avec son soutien, que René, entre 1955 et 1961, va se présenter à de nombreux concours et compléter sa formation par un cursus universitaire. Il est tout d’abord nommé après concours assistant d’agriculture à l’ENSA. Il obtient ensuite à la Sorbonne un certificat d’études supérieures de géologie, puis de botanique, puis de génétique. Après une licence en sciences naturelles, il obtient un DEA de physiologie végétale. En 1961, il est nommé après concours chef de travaux d’Ecologie et Physiologie végétale à l’Institut National Agronomique de Paris. En 1966, il est nommé Maître-Assistant et en 1968, toujours après concours, Maitre de Conférences puis enfin, Professeur de physiologie végétale.

René CHAUSSAT a dirigé la chaire de Physiologie Végétale de l’Ina P-G de 1972 à 1997. Bien que très discret au sein de son institut, René CHAUSSAT fait partie de ces rares physiologistes du XXème siècle à la fois scientifiques et philosophes, dotés d’un sens de l’observation et d’une intuition hors du commun, qui l’ont conduit à jouer un rôle précurseur sur des concepts de la biologie du développement encore d’actualités. C’est avec un regard neuf qu’il savait observer les plantes et adresser des questions pertinentes devant la complexité du vivant. René CHAUSSAT a travaillé sur la dormance des semences.  Ses travaux pionniers ont ouvert la voie à de multiples recherches qui sont maintenant abordées avec les nouveaux outils de la biologie moléculaire. Il parlait toujours de l’agriculture avec passion et savait communiquer cette passion aux autres.

A titre d’exemple, AgroParisTech lui doit l’installation des premiers phytotrons en Europe. A l’époque ces prototypes ont inspiré les infrastructures expérimentales du CNRS de GIF sur Yvettes, l’actuel Institut des Sciences Végétales. Il a été précurseur aussi pour développer en France des recherches dans le domaine de la physiologie des semences. Il s’est en particulier intéressé aux mécanismes qui contrôlent la germination et la dormance des graines qui sont des problématiques majeures du rendement agronomique. C’est en s’appuyant sur ses travaux qu’en 1997 l’INRA, sous l’impulsion de Michel Caboche, a décidé de créer son premier groupe de recherche sur la Biologie des Semences. Ce groupe est à l’ origine de l’actuel département “Reproduction et graines” de l’UMR INRA AgroParisTech du renommé Institut Jean-Pierre Bourgin (IJPB).

Outre cette dimension scientifique, c’est l’humilité de René CHAUSSAT, les traits de sa personnalité discrète, généreuse et surtout très humaine qui resteront gravés dans la mémoire de ses proches, personnels et étudiants…. Tous ceux qui ont appris à ses côtés et lui doivent beaucoup et encore aujourd’hui.

Toujours très prévenant avec ses collègues, il cherchait à les favoriser en toutes circonstances. Il nous a aussi communiqué sa fibre de la “ruralité” qu’il exprimait souvent en racontant les histoires anciennes de la campagne et du monde paysan. Nous garderons de lui le souvenir d’un homme aimable et souriant avec qui il était très agréable de travailler.