Flore du parc de Grignon

Le parc de Grignon recèle une flore riche étudiée depuis le milieu du XIXème siècle, notamme les orchidées.

(Tulipes sauvages près du chateau en 2008)

Tulipes sauvages (Tulipia sylvestris) près du château en 2008

 

Etudes anciennes (fin XIXe, début XXe)

En 1877 Pierre Mouillefert écrivait dans le Bulletin de la Société botanique de France (vol. 24, pages 190-192), sous le titre Plantes rares de la région de Paris relativement communes sur le domaine de l’Ecole de Grignon :

“Parmi les végétaux ligneux je signalerai une variété du Chêne rouvre, Q. Robur L. ou Q. sessiflora Sm., dont les caractères ne se rapportent exactement à aucune variété décrite dans la Flore forestière de M. Mathieu et autres que j’ai eues entre les mains.

Ce Chêne est caractérisé par des glands gros, réunis au nombre de 2-3 sur un court pédoncule ; une cupule a écailles apprimées, grises tomenteuses. Feuilles blanches tomenteuses dans le jeune âge sur les deux faces ; à l’état adulte, elles sont glabres en dessus et pubescentes roussâtres en dessous, notamment à l’aisselle des nervures. Le limbe présente des lobes irréguliers comme les feuilles du Chêne pedonculé, mais ils sont plus aigus, et les sinus sont moins arrondis. Le petiole est long d’environ l l/2 à 2 centimètres. Les jeunes rameaux sont aussi fortement pubescents. L’ecorce se gerçure de très-bonne heure, des l’âge de dix à douze ans ; tandis que dans les mêmes conditions celle du Chêne pedonculé ne le devient que vers vingt à vingt-cinq ans. Le rhytidome est brun écailleux et se maintient ainsi jusque vers trente-cinq à quarante ans ; après, il se gerçure longitudinalement à la manière de celui du Chêne pedonculé. La végétation est au printemps d’environ dix à douze jours en retard sur celle de son congénère. Dans les bonnes parties du bois, ce Chêne rouvre peut atteindre en cent ans 20 à 22 mètres de haut sur 1m,6O de circonférence à 1m,3O du sol. En résumé, ce Chêne tient à peu près le milieu entre les variétés Q. Robur pubescens de Wils. et la variété à trochets, mais il diffère de la première par la pubescence, qui n’est pas la même, qui est roussâtre au lieu d’être blanche ou grise, et de la seconde par les glands, qui sont moins nombreux sur un même pédoncule et beaucoup plus gros. D’ailleurs on sait que le Chêne rouvre varie avec une extrême facilité, pour ainsi dire suivant les sols, l’exposition et le climat. La variété de Grignon serait donc un exemple de ces nombreuses variations de l’espèce dont il s’agit. Au point de vue sylvicole, celle variété est précieuse pour Grignon, car elle est beaucoup moins exigeante que le Chêne pedonculé ; on la trouve encore sur les plus mauvaises parties du terrain calcaire où cette dernière ne peut vivre.

Betula pubescens Ehrh. — On trouve aussi dans les bois de Grignon, à l’état de dissémination, le Bouleau pubescent. Cette espèce est assez rare dans la région de Paris, et en tous cas elle présente ceci de remarquable, c’est de pouvoir végéter dans les endroits les plus secs du domaine, tandis que généralement ce bouleau ne vient guère que dans les tourbières et autres lieux humides.

Enfin les Daphne Laureola et Mezereum se rencontrent également dans les massifs forestiers de l’école.

Quant aux végétaux herbacés, voici ceux que je signalerai :

  • L’Ononis Columnae. — Commun au pont Cailloux.
  • Le Coronilla minima. — Commun au pont Cailloux.
  • Le Peucedanum Chabrei. — Dans les prairies sur le bord des bois.
  • Le Carum bulbocastanum. — Très-commun dans les terres du sud-ouest du parc.
  • Le Physalis Alkekengi. — Tres-abondant dans le bois de la Défonce.
  • Le Dipsacus pilosus. — Bois du versant sud.
  • Le Gentiana Cruciata. — Se trouve dans la plupart des chemins du bois.”

Dans les Annales de Grignon (vol. 5, 1906-1907, pages 200 à 209, PDF), l’article de Alin Caillas intitulé “Les orchidées du parc de Grignon” passe en revue onze variétés les plus fréquentes.

(Tubercules de divers orchis)

Tubercules de divers orchis

En 1911 plus de 500 espèces botaniques sont énumérées dans l’ouvrage Flore de Grignon réalisé  par A. Moreau et L. Pichenaud de l’Ecole nationale d’agriculture de Grignon.

Etudes récentes (fin XXe, début XXIe)

En 1987 la chaire de géobotanique de l’Institut national agronomique Paris-Grignon (Ina P-G) réalise un sentier écologique dans le parc afin de “familiariser le visiteur avec les végétaux qu’il rencontrera aussi bien dans le parc du domaine de Grigon que, d’une manière plus générale, dans les massifs forestiers du département des Yvelines ou de l’ouest de la région Ile-de-France” (texte de Colette Girard) .

En 1995 Jacques Montégut (Grignon 1943, décédé en 2007), professeur de botanique à Grignon et professeur honoraire à l’Ecole nationale supérieure d’horticulture (ENSH) décrivait ainsi les richesses botaniques dans l’ouvrage Grignon, de l’institution royale… à l’INA-PG :

“Les boisements sont en partie les vestiges de la forêt ancestrale conduite en futaie jardinée, en partie issus de peuplements délibérés. Les nombreuses allées forestières et leurs ronds-points délimitent autant de “coupes” numérotées que votre serviteur a arpentées ses dix années d’assistant en botanique, y notant la flore supérieure et la flore fongique supérieure, cette dernière riche d’environ 650 espèces, dont certaines sont des reliques méditerranéennes (oronge blanche, amanita ovoidea, l’amanite de vittadini, amanite vittadini, divers bolets de type “satan”, tel boletus rhodoxanthus, de nombreux hygrophores jaunes ou bleus) ou des espèces peu communes en France (amanita livido-pallescens, lepiota badhami). […]

Peuplements de la face sud : Laverie et Côte aux buis

La chênaie-frênaie constitue un peuplement três fermé par l’exubérance de son sous-bois favorisé par les nombreux suintements ; on y rencontre Yalkékenge (physalis alkelkengz) et la belladone (atropa belladona). Les connaisseurs des stations printanières de morilles blondes et noires, vous diront simplement qu”il faut les chercher près des frênes, souvent masquées sous le tapis de la mercuriale vivace (mercuflalis peremfzis).

La côte aux buis est le point d’orgue de la richesse et de la diversité de la flore grignonnaise. La cohabitation sur cette pente calcaire plein sud du chêne blanc (quercus pubescens), du buis (buxus sempervirens), et de hêtres isolés rabougris rameux dés la base, conduit à un paysage forestier très ouvert, laissant à tous les arbustes, buissons et vivaces herbacées de la chênaie pubescente une chance de persister, d’égayer de leurs feuillages, fleurs et fruits, chacune des saisons, avec un microclimat favorable aux espêces xérophiles. L’hiver avec la sempervirence des buis, la marcescence des chênes, le printemps livré aux rosacées (aubépines, bois de Sainte Lucie, églantiers, sorbiers), l’été avec le tapis multicolore du revêtement herbeux avec ses légumineuses (anthyllides, coronilles, hippocrepis, lotiers) ou ses labiées (brunelles, sauges, thyms) et surtout ses orchidées (ophrys et orchis), enfin la magnifiscence de l’automne indien avec la livrée du hêtre, des cornouillers, des viornes et la débauche fongique reconnue par tous les mycologues du bassin parisien.”

En 2008, le chercheur F. Archaux a rédigé une étude comparative sur la présence des orchidées dans le parc entre 1911 et 1996, complétée par des travaux d’étudiants en 2021.

Le botaniste Philippe JAUZEIN  a donné son avis en 2021 sur l’avenir de la flore de Grignon.